Hprobe : la startup qui sait parler aux multinationales de… | Linksium
CESSION DE PARTS
16/07/2025

Hprobe : la startup qui sait parler aux multinationales de la microélectronique

Viuel hprobe et Laurent Lebrun

Hprobe est une startup deeptech née à Grenoble, qui allie avec succès une technologie de rupture à une ambition internationale dans le domaine des tests magnétiques de mémoires MRAM. En 2017, la première commande client déclenche la création de l’entreprise et marque un tournant décisif dans son développement. Son intégration récente au sein du groupe international Mycronic s’inscrit dans cette dynamique de croissance, facilitant l’extension des ventes de la startup auprès des quatre grandes fonderies mondiales de mémoires MRAM. Dans cette interview, Laurent Lebrun partage son parcours d’entrepreneur deeptech, engagé dans la conquête d’un marché d’emblée internationale dominé par quelques multinationales.


Laurent Lebrun, peut-on dire que vous êtes un serial entrepreneur ?

Oui, pour moi, entreprendre signifie savoir réussir en s’adaptant aussi bien aux circonstances favorables qu’aux situations plus difficiles. En 2015, alors en recherche de projet, je croise la route du laboratoire Spintec (CEA/CNRS/UGA/Grenoble INP-UGA) et de Linksium, qui me proposent de valoriser un brevet d’une technologie de test magnétique pour les composants électroniques. Le projet Hprobe est fondé sur une approche technologique de rupture codétenue par le CNRS et le CEA. Pour le déployer, Jean Pierre Nozières, fait appel à mon pilotage “hybride”, puisque je suis un entrepreneur à la fois technophile, industriel et commercial et me mets en lien avec Linksium. Cette compétence hybride ne s’est pas faite en un jour. Ingénieur Arts et Métiers et titulaire d’un doctorat en conception de produits, après une première expérience dans une PME, j’ai rejoint Schneider Electric, où j’ai développé une appétence pour l’entrepreneuriat industriel. En 2002, j’ai racheté une première entreprise, puis en ai développé plusieurs autres, jusqu’à leurs dépôts de bilan en 2014, conséquence indirecte de la crise de 2012. Ce tournant m’a amené à rebondir dans un tout autre registre : l’innovation technologique issue de la recherche publique et la création de la deeptech HPROBE.

Quel est l’élément clé de différenciation de votre technologie ?

Hprobe propose une technologie unique au monde pour tester les composants magnétiques — en particulier les mémoires MRAM (Magnetoresistive Random Access Memory). Ce qui distingue notre solution, c’est sa capacité à générer des champs magnétiques rapides et tridimensionnels avec une très grande précision, permettant ainsi des tests beaucoup plus rapides et efficaces que ceux proposés par nos rares concurrents, essentiellement des Américains ou des Japonais plutôt centrés sur de la R&D. Hprobe a été lauréat i-Lab 2017.

Comment s'est passé le transfert de technologies et l’accueil sur le marché ?
Le transfert a été très pragmatique. Le brevet existait mais l’usage potentiel était incertain. J’ai mené mon enquête pendant une année complète, une année de “preuve de marché” en quelque sorte, en interrogeant des clients potentiels pour cerner leurs besoins et tester l’appétence commerciale. Très vite, j’ai compris que la vitesse de test était une problématique centrale et que notre solution pouvait faire la différence.

Quels ont été les étapes et le timing d'exécution du développement de l'entreprise ?

Le développement s’est effectué en plusieurs phases : incubation en 2015, création de l’entreprise en 2017, levées de fonds en 2018 et 2019, croissance mondiale jusqu’à l’acquisition par Mycronic en 2025.

Quels ont été les critères retenus par Mycronic pour l’acquisition de Hprobe ?

Plusieurs facteurs ont rendu Hprobe particulièrement attractive pour un groupe international comme Mycronic : une technologie différenciante, un portefeuille client prestigieux, une équipe agile et une perspective de croissance durable portée par le marché de la MRAM.

Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur qui souhaite valoriser une technologie issue d’un laboratoire ?

Mon conseil est simple : confronter la technologie au marché le plus vite possible, comprendre les besoins réels du client, vendre rapidement pour éviter de s’enfermer dans une logique de perfection technologique déconnectée de l’usage.

Quel a été le rôle de Linksium et de l’écosystème grenoblois ?

Linksium a joué un rôle permanent. En termes de mise en réseau, il y a eu ma rencontre fondatrice avec Jean Pierre Nozières et Carole Silvy, puis le recrutement de Siamak Salimy, cofondateur et directeur technique. Le projet a vu le jour grâce à un financement initial, puis un accompagnement stratégique sur le business model, une négociation avec le CNRS, des formations très spécifiques deeptech et un accompagnement rôdé au concours i Lab. L’écosystème grenoblois est très favorable, notamment pour le recrutement d’ingénieurs spécialisés et l’accès à un environnement scientifique de haut niveau.