Grand Prix i-Lab 2025 : MagnetFab, pionnier mondial des… | Linksium
I Lab Grand Prix
14/10/2025
Milan

Grand Prix i-Lab 2025 : MagnetFab, pionnier mondial des microaimants intégrés sur puce

Interview de Milan Ćalić, docteur en physique quantique, fondateur et CEO de MagnetFab, spin-off de l’Institut Néel qui vient de remporter le Grand Prix i-Lab 2025 (600 K€). La startup développe une technologie de rupture : l’intégration de micro-aimants sur puces électroniques par dépôt de couches minces.

Le procédé utilisé (sputtering) permet de créer des aimants puissants, aussi petits qu’un grain de sable — voire plus petits.. C’est une première mondiale qui ouvre de nouveaux horizons pour la micro-électronique, des capteurs aux systèmes quantiques. Une interview exclusive de Linksium qui accompagne le projet depuis 2019.

« Ce prix représente une étape fondatrice qui va permettre à MagnetFab de déployer sa stratégie et d’accélérer l’industrialisation de sa technologie de rupture. Notre objectif est de faire de MagnetFab, d’ici 5 à 10 ans, le leader mondial des microaimants intégrés pour la microélectronique, avec une présence en Europe, aux États-Unis et en Asie. "

Milan Calic, CEO MagnetFab.

Vous venez de remporter le Grand Prix i-Lab Que va vous apporter cette distinction ?

C’est une reconnaissance majeure et un soutien financier décisif. Cette subvention va nous permettre de franchir un cap technologique et d’accélérer la validation de notre procédé jusqu’au niveau pré-industriel. Elle financera le développement d’une preuve de concept de haut-parleur MEMS (micro-système électro-mécanique) intégrant nos microaimants. En parallèle, nous poursuivrons l’optimisation du procédé d’intégration des microaimants à l’échelle du wafer. À plus long terme, nous visons également le développement d’autres applications, comme des capteurs magnétiques et l’intégration dans des puces quantiques.

Quels sont les atouts de votre technologie ?

La métallurgie des poudres produit des aimants massifs, coûteux et impossibles à intégrer directement sur puce. Notre approche par couches minces réduit drastiquement la taille — un facteur 10 à 100 — tout en abaissant les coûts de production, puisque nous exploitons des procédés déjà utilisés dans les salles blanches. En termes de performance, nous obtenons de meilleures propriétés magnétiques à l’échelle microscopique. Enfin, notre procédé est beaucoup plus respectueux de l’environnement : il consomme beaucoup moins de matière première donc génère moins de déchets. En miniaturisant les dispositifs, par exemple dans le cas des haut-parleurs d’écouteurs, la technologie MEMS permet de réduire drastiquement la quantité totale de matériaux à base de terres rares nécessaire par appareil. Il est donc économiquement avantageux, plus vertueux sur le plan environnemental et un levier de souveraineté industrielle.

Quels marchés ciblez-vous pour vos premiers revenus ?

Nous avons identifié trois domaines : les capteurs magnétiques (automobile, smartphones, robotique…), l’acoustique (écouteurs, systèmes d’aide auditive) et les technologies quantiques. Nos premiers revenus proviennent déjà de prestations de prototypage auprès de laboratoires et d’industriels. À moyen terme, nous visons la commercialisation de composants destinés aux capteurs magnétiques et aux haut-parleurs MEMS. L’informatique quantique constitue quant à elle une cible stratégique à plus long terme, pour laquelle nous avons déjà fourni des prototypes à des laboratoires partenaires afin de valider nos microaimants dans leurs dispositifs.

Êtes-vous déjà en lien avec de grands industriels ?

Nous avons engagé des discussions avancées avec des acteurs majeurs de la microélectronique, de l’acoustique et des capteurs magnétiques. Nous voulons être fournisseurs de dispositifs MEMS et de microaimants destinés à des applications à forte valeur ajoutée, sans pour autant fabriquer les systèmes complets.

Comment envisagez-vous votre développement international ?

Grâce à notre sélection parmi les lauréats de l’IMD Startup Competition, nous aurons l’opportunité de nous rendre en Californie pour établir nos premiers contacts avec l’écosystème de la Silicon Valley, où se concentrent de nombreuses entreprises high-tech et fonds de capital-risque. Pour défendre ce leadership face à la concurrence, notamment asiatique, nous devons aller vite : industrialiser, protéger nos brevets et tisser des partenariats stratégiques. D’ici 5 à 10 ans, notre objectif est de faire de MagnetFab le leader mondial des microaimants intégrés pour la microélectronique, avec une présence en Europe, aux États-Unis et en Asie.

Comment avez-vous vécu le passage du laboratoire à l’entreprise ?

C’est une aventure passionnante et exigeante. La SATT Linksium nous a beaucoup aidés à franchir ce cap, en finançant les premières étapes et en structurant le projet. Ce n’est pas évident pour un profil technique comme le mien de faire sa mue entrepreneuriale, de rédiger un business plan, de recruter… Grâce à son accompagnement d’excellence (formations, coaching, appui juridique et financier, etc), le processus de création est sécurisant avec Linksium. L’écosystème grenoblois, avec ses instituts de recherche et ses industriels, est également un terreau exceptionnel pour transformer une innovation scientifique en startup deeptech.